Notre expérience en ashram au Népal
Après 5 ans, Geoffrey est revenu sur la terre qu’il avait tant aimée : le Népal ! C’était une étape du voyage qu’il attendait avec impatience. Il avait passé trois mois dans l’ashram situé dans la région du Terai où vivent environ 40 enfants. Trois mois à créer des liens forts avec eux, à leur donner des cours de français et à vivre ensemble au quotidien tout simplement.
L’origine des ashrams
L’ashram a débuté avec seulement une maison en argile, une vache et un enfant.Il compte désormais 3 institutions à Katmandou, au Terai et à Gulmi. Depuis 25 ans, l’ashram a accueilli et aidé 1000 enfants. Fondé par Ramchandra, deux des ashrams sont des lieux d’accueil pour les enfants issus de familles pauvres ne pouvant plus subvenir à leurs besoins. Ils y reçoivent gratuitement une éducation, sont logés, nourris et vêtus et pratiquent différentes activités comme la danse, le yoga et l’artisanat. L'ashram le plus ancien et le plus grand se trouve à Katmandou, suivi de celui du Terai et le troisième en travaux à Gulmi, dédié à la méditation et au yoga.
Initiés par Ramchandra et basés sur la philosophie de Sri Aurobindo et la Mère, ces trois ashrams sont également des lieux de spiritualité. Nous nous sommes rendus dans les trois.
L’ashram du Terai
Situé en pleine campagne népalaise et proche du lieu de naissance de Buddha, nous nous dirigeons vers le premier ashram où nous allons séjourner. Ici, le temps semble s’être arrêté il y a des décennies. Les routes encore en terre sont empruntées par très peu de véhicules. Les habitants continuent d’aller chercher l’eau au puits et les buffles tirent encore les charrettes des fermiers. Les Népalais sont souvent surpris de nous croiser ici. Les sourires ne sont pas rares et souvent accompagnés du typique « Namaste ».
Quant à l’ashram, il se trouve au bout d’un chemin, caché par la végétation luxuriante ! L’ashram du Terai allie nature et spiritualité, c’est un véritable havre de paix. Il y a un grand potager organique, des arbres fruitiers (bananiers, manguiers, papayers, citronniers) et des plantes ayurvédiques (médicinales). On trouve également le poêle à bois dehors pour cuire les chapatis, les points d’eau pour la vaisselle et une petite cahute en bamboo pour se rassembler.
Au fond du chemin, il y a le terrain de foot et l’étable avec 65 vaches dont 35 laitières. Il faut savoir que la vente de lait est le premier revenu pour l’ashram, c’est donc une activité importante.
A l’intérieur de la grande maison, on a la cuisine et la salle à manger. Aux étages, se trouvent la chambre des garçons, des filles, celles des invités et les salles de classe. Dans le jardin se trouve un grand temple qui est utilisé pour diverses occasions comme la méditation, le yoga.
C’est donc dans cet environnement et au sein de cette grande famille que nous avons vécu 15 jours. On mange tous ensemble, on se partage les tâches, on s’entraide. Avant chaque repas, les enfants se mettent en fil indienne et chantent pour le divin. Cet établissement fonctionne quasiment de manière autonome, panneaux solaires pour l'énergie, les légumes viennent du jardin d’agriculture biologique, le riz est cultivé et les produits laitiers proviennent de la traite. Chacun est conscient de la chance de pouvoir vivre ici et dans d’aussi bonnes conditions, c’est pourquoi participer (parfois durement) à sa pérennité est normal et accepté par tous.
De notre côté, on a pu donner des cours de français aux trois différentes classes, toujours avides d’apprendre. C’est aussi à ce moment-là qu’on a été interpellés par leur drôle de prononciation en anglais des mots commençant par un « s » suivi d’une consonne : ils rajoutent systématiquement le son « i » devant. Ce qui donne par exemple « i-small, i-school, i-sprite » etc. Une fois que tu intègres ça, les échanges sont moins confus. On se rend alors compte qu’absolument tous les Népalais prononcent de cette façon et on finit nous aussi par faire de même.
L’école à l’ashram commence à 10h30 et se termine à 16h avec une pause de 1h le midi. Les élèves portent un uniforme jaune et bleu. On a pu remarquer à quel point ils aiment la vie en communauté. A l’ashram, ils sont tous frères et sœurs et leurs professeurs eux aussi issus de l’ashram sont des « grands frères » et des « grandes sœurs ». En cours, ils s’entraident toujours et aiment participer. Et pas seulement entre eux, mais aussi envers nous, ils ont toujours des petites attentions comme nous allumer le ventilateur, nous conseiller de nous mettre à l’ombre, de refuser une friandise pour nous la laisser ou encore de nous inviter à nous reposer lorsqu’on propose notre aide. Au début, on est surpris de leur niveau de maturité et on sait que c’est sincère et qu’ils le font naturellement.
En dehors de l’école, les enfants ont différentes tâches comme faire la vaisselle, couper de l’herbe fraîche et traire. Sans rechigner, ils se lèvent à 5 heures du matin pour aller traire les vaches. Ils aiment leurs animaux et en prennent soin. Ils les connaissent sur le bout des doigts et nous ont formés à la traite. C’était chouette de pouvoir inverser les rôles !
Les moments de détente pour les enfants sont le foot pour les garçons. Tous les soirs, ils jouent environ 2 heures non stop. Quant aux filles, elles se réunissent et préparent des chapatis autour du feu.
Parmi les adultes, il y a une professeure principale, deux autres enseignants qui sont des anciens enfants de l’ashram, une cuisinière, deux jardiniers, un électricien, un plombier et la responsable (sœur de Ramchandra) qui guide les enfants dans leurs tâches extérieures. Toutes ces personnes vivent sous le même toit 24h/24.
Nous nous sommes intégrés dans cette communauté sans difficulté. Les enfants sont très accueillants. Nous avons souvent participé à la préparation des repas avec Rama qui doit nourrir presque 50 personnes trois fois par jour. Midi et soir, on mange le fameux Dal Bhat népalais (riz et soupe de lentilles) accompagné de légumes cuisinés au curcuma et cumin. Pour nous, elle nous préparait des petits plats comme des pommes de terre sautées ou des momos népalais ! En tout cas, on n’est pas prêts d’oublier le fameux « coolfi », glace à base de lait et pleins d’épices, un régal ! J’ai vu la préparation, mais le plus dur est de retrouver ces épices et de comprendre leur nom ! Une dernière chose, les mangues du jardin, à tous les repas on en réclamait.
Sinon, on a aussi peint le showroom qui exposera les produits artisanaux de l’ashram, destinés à être vendus aux visiteurs.
Les moments marquants de cette expérience : les sessions de chant et de méditation le soir. Les enfants jouent des percussions et chantent en harmonie, c’est magnifique ! Le chant est très présent à l’ashram, il n’est pas rare d’entendre quelques voix chantonner par ci par là.
Ils ont également fait un spectacle de théâtre, en seulement deux semaines de préparation. Ils sont tellement autonomes, c’est assez incroyable.
On a aussi assisté à trois anniversaires d’enfants et à la célébration d’obtention des diplômes des ados. Une des grandes sœurs entonnait des mantras et leur appliquait du tika (pâte rouge sur le front).
Enfin, on a organisé une petite fête à l’occasion de la coupe du monde de football. Ce n’est pas tous les jours que les enfants ont une soirée qui les sorte de leur routine, alors là ils étaient super contents ! Avec Geoffrey et Dinesh (un des professeurs à l’ashram), nous sommes allés faire les courses et avons cuisiné des samosas et momos pour tout le monde. On a également acheté des friandises distribuées à chaque but (heureusement qu’il y en a eu 6 en tout !). Geoffrey s’est occupé de maquiller tout le monde aux couleurs de leur équipe ! Tous réunis devant notre petit télé, on a passé une super soirée à crier, sauter, rigoler. C’était un chouette moment, même si une fois le match terminé, nous avons sagement retrouvé notre chambre. Petite nostalgie de ne pas être en France pour célébrer la victoire !