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Kelvin,Vénézuélien rencontré en Colombie

Kelvin, Colombie

Il y a 15 ans, le Venezuela était le pays le plus riche d’Amérique du Sud en détenant les plus grosses réserves de pétrole au monde. Hugo Chavez, l’ancien charismatique président était d’ailleurs très populaire car il se servait de cet argent pour financer les programmes sociaux. En 2013, son ami et conseiller Nicolas Maduro lui succède à sa mort. Avec la baisse du coût du pétrole, ce Président va vite voir sa côte dégringoler. Le pays va de plus en plus mal. Pénurie, manifestations monstres et une monnaie qui ne vaut plus rien, le Venezuela rencontre une crise sans précédent.

 

Depuis que nous sommes en Colombie, nous croisons beaucoup de Vénézuéliens dans les rues. La situation économique de leur pays les oblige à fuir en masse. Seulement 1/3 de la population réside désormais dans ce Venezuela de plus en plus vide. Quant aux plus riches, ils ont déserté le pays depuis longtemps. Laveurs de vitres, vendeurs de bracelets, faire la manche, ils essayent de survivre comme ils peuvent dans un nouveau pays.

A Pereira, en Colombie, nous avons rencontré un jeune Vénézuélien de 20 ans qui vend des bonbons au feu rouge de la ville. Nous l’avons invité à s’asseoir avec nous afin qu’il nous raconte sa vie d’avant, la situation de son pays, sa nouvelle vie…

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Peux-tu te présenter ?

 

Je m’appelle Kelvin, j’ai 20 ans, je suis vénézuélien. Je suis en Colombie depuis trois mois maintenant. J’ai quitté mon village qui s’appelle Barguisimeto. Je suis venu jusqu’ici à pieds, j’ai parcouru plus de 1000 kilomètres. Ma mère est restée à la maison, je suis seulement avec mon frère ici. Avant de quitter le Venezuela, j’étais étudiant dans l’agriculture, il me manquait seulement une année pour finir ma licence… J’espère pouvoir retourner en décembre dans mon pays et finir un jour mes études. Les droits d’accès à l’Université ont tellement augmenté que j’ai dû abandonner mes études.

 

Que se passe t-il au Venezuela ?

 

En fait, le prix du pétrole a chuté et mon pays subit une grosse crise économique. Notre économie repose sur l’argent généré par la production de pétrole. Actuellement, c’est le premier pays au monde où l’inflation est la plus forte, l’argent ne vaut plus rien du tout. Des produits qui étaient avant importés manquent désormais dans le pays. On doit faire la queue pour se ravitailler et un simple paquet de pâtes ou de riz est devenu très cher. Le kilo de pâtes coûte désormais 3 000 000 de Bolivares (soit environ 10 euros). Les simples denrées alimentaires sont devenues un luxe. Beaucoup de magasins sont vides, on ne trouve plus ce dont on a besoin.

A côté de ça, la violence dans le pays monte. Il paraît que le Venezuela serait actuellement le deuxième pays le plus violent au monde. Ça ne s’arrange pas depuis que le gouvernement a décidé de libérer les prisonniers de leur geôle. Ils ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins. Du coup, des meurtriers sont actuellement en liberté dans mon pays.

De grosses manifestations ont lieu pour exiger la démission du Président mais Maduro ne veut pas partir. Moi, je ne dis pas que c’est de la faute de Maduro cette crise, mais il doit partir, il est temps !

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Que fais-tu en Colombie ?

 

J’ai fui le Venezuela car nous connaissons une grosse crise économique depuis maintenant 5 ans. Je vais continuer ma route vers l’Équateur. Nous pouvons aller dans ce pays, le gouvernement l’autorise. Par contre, c’est difficile de se rendre au Pérou. Il faut désormais un passeport et un visa qui coûte très cher. Le Pérou veut limiter le nombre de migrants dans son pays. En Colombie, il y a maintenant énormément de Vénézuéliens dans ma situation, on se parle, se soutient.

Ici, à Pereira, j’achète des paquets de bonbons et je les revends dans la rue à l’unité, aux feux rouges. Souvent, les Colombiens font un geste même s’ils ne veulent pas de bonbon.

J’essaye de survivre et d’envoyer un peu d’argent à ma famille quand c’est possible. Je les appelle souvent. Les gens nous aident et la police reste tout de même gentille avec nous. Ils doivent comprendre notre situation. Par contre, le gouvernement colombien ne nous aide pas, si on ne se débrouille pas, on se retrouve à dormir dehors.

C’est difficile pour moi de faire autrement car je ne peux pas avoir de travail fixe en Colombie. Je n’ai pas de visa travail, je survis donc comme je peux en vendant des bricoles.

On y arrive même si des jours sont plus durs que d’autres. J’arrive à quasiment dormir tous les soirs dans un hôtel qui ne coûte rien. On est plusieurs dedans, ça me coûte seulement 10 000 pesos la nuit (moins de 3 euros). En tout cas, même si je suis migrant, j’essaye toujours d’être propre et bien habillé, je ne ressemble pas aux SDF colombiens qui sont sales.

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