3 jours de trek dans le parc national des Nevados
La Colombie offre un choix assez large en termes de treks ! On s’était d’abord dit qu’on ferait celui de la fameuse Ciudad Perdida dans le nord du pays. Des amis en France nous avait dit que c’était un immanquable. Une fois arrivés en Colombie, on s’y intéresse d’un peu plus près mais voilà qu’on découvre le prix prohibitif de cette excursion avec guide : 280 euros par personne ! On se dit qu’on fera du volontariat une semaine pour pouvoir se le permettre… Mais à la fois, il y a tellement de choses incroyables à voir ici qu’on n’a pas vraiment le temps de se poser une semaine. Et en sondant un peu autour de nous, on se rend compte que ça n’a pas l’air si immanquable…
Bref, on se dit qu’on fera un trek dans les Nevados à la place 🙂
C’est en glanant quelques rares infos sur Internet qu’on arrive à se faire une idée du parcours et de ce qui nous attend. On lit que ce trek peut se faire seul mais qu’il faut partir avec son équipement. En lisant quelques blogs on se rend compte de la difficulté de ce trek : mal d’altitude, plus de 1000 mètres de dénivelé en une journée, le froid etc. On en est conscients mais motivés « si d’autres l’ont fait, on peut le faire ».
Arrivés dans la petite ville de Salento située à 1895 mètres d’altitude, on se rend à l’agence de tourisme pour récupérer une carte et quelques infos utiles. Ils nous envoient vers les agences de trek … Bon, on dira qu’on vient les voir pour se renseigner sur les prix 😉 Et les voici : pour un trek de quatre jours on nous annonce 160 EUR/pers (guide, logement et nourriture). Ils ont bien senti qu’on n’allait pas signer avec eux et nous ont interdit de prendre en photo la carte topographique des Nevados.
En louant le matériel de camping, on en a pour moins de 30 EUR chacun pour trois jours.
Une fois le sac à dos rempli (tente, matelas, duvet et affaires chaudes), les courses faites et toutes les batteries des appareils chargées, nous faisons une bonne nuit car trois jours de marche nous attendent !
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Notre parcours prévisionnel :
Jour 1 – environ 13 km : Valle de Cocora > Finca de la Montaña > Estrella de Agua > Finca Primavera (Fermette où l’on peut dormir et manger) > Camping quelque part entre la Finca Primavera et la Laguna del Encanto
Jour 2 – environ 22 km : Laguna del Encanto > Los termales del cañon > Camping vers la Primavera
Jour 3 – environ 12 km : Retour par le même chemin
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Et bien, ça ne s’est pas passé comme ça du tout !
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Jour 1 – environ 11 km
Il est 8h du matin, on monte dans une fameuse Willys (jeep typique de Colombie) direction la Vallée de Cocora située à 2400m d’altitude, réputée pour ses palmiers de cire atteignant jusqu’à 60 mètres de hauteur (palmier le plus haut du monde). On arrive 30 minutes plus tard. On les aperçoit déjà, se dressant au milieu de ces belles collines aux différentes nuances de vert. C’est un lieu magique ! On attaque la rando après s’être acquittés du droit d’entrée de 1 EUR ! On fait des pauses photo un peu partout, tellement c’est beau. Et on se réjouit déjà de savoir qu’on va repasser par là au retour.
Il y a déjà un certain nombre de touristes sur le chemin, venus à la journée pour se balader au milieu des palmiers et visiter la maison des colibris.
On décide de ne pas s’y arrêter car on a du chemin. D’après nos pronostics de marche, à 10h on devait commencer sérieusement la rando sur un chemin dénué de touristes pour planter la tente 4h plus tard.
A 14h, on était seulement à mi-chemin, épuisés ! Géo qui portait les 15 kilos d’équipement fatiguait et Maou suivait derrière, après avoir eu de la montée 90 % du temps et tout cela dans la forêt sans vue particulière. On regardait dans les arbres de temps à autre en espérant voir des toucans ou des perroquets. Le seul oiseau qu’on a vu tout le long et même à 3500 mètres d’altitude est le colibri. Quelques données incroyables sur cette créature :
– oiseau le plus petit au monde
– jusqu’à 100 battements d’ailes par seconde – il fait du surplace
– 1 200 pulsations par minute
– peut voler dans tous les sens, même en arrière
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On arrive donc au check-point Estrella de Agua (3170m) où un agent du parc nous demande de nous enregistrer. Simple formalité, on donne nos noms, numéros de passeport et notre date estimée de sortie. On lui dit qu’on souhaite camper. Le bonheur quand il nous annonce qu’il y a la possibilité de camper dans le paramo (biotope de la Cordillère des Andes) à seulement 1h30 de marche. On prend alors une énorme tasse de café et discutons avec lui. Il nous dit que les ours du parc sont très friands des Français en particulier ! Après 40 minutes de conversation autour de la biodiversité de la Colombie, de la lutte contre les déchets et de son travail de conservation, nous reprenons la marche vers 15h.
Et c’est là que les ennuis commencent. On se retrouve sur un chemin boueux, du début à la fin ! Chaque pas est réfléchi pour ne pas s’enfoncer et risquer de tremper nos chaussettes dès le premier jour. On s’accroche comme on peut aux racines des arbres pour monter. Le chemin est emprunté par les chevaux qui emmènent les affaires des trekkeurs, ce qui le rend impraticable ! Ce trek, c’est pas en baskets qu’il faut le faire, mais en bottes. Le sommet est tout proche mais on n’y parvient jamais. On est exténués quand on arrive enfin à 17h sur notre lieu de campement (Paramo de Romerales 3700m), juste à la sortie de la forêt. On a tout juste le temps de monter la tente et de bien nous installer que la nuit tombe déjà. Il est 18h40, on vient de finir d’avaler notre maigre pique-nique, on est dans la tente : mais on fait quoi maintenant ? On tente de lire mais avec notre torche à manivelle, ce n’est pas évident.
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​On n’aurait pas du prendre cette énorme tasse dé café. On n’a plus envie de dormir et on pense à l’ours qui pourrait venir nous renifler dans la tente ou encore au puma qui viendrait roder… On finit par s’endormir, presque bien au chaud dans notre duvet !
Jour 2 – environ 4,5 km
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C’est en chaussant nos baskets encore humides que nous nous motivons difficilement à sortir de la tente. Il fait froid, on aimerait un café qui nous réveille et nous réchauffe. Nous ne savons pas combien de temps il nous faudra pour rejoindre la première ferme : la Primavera.
Le chemin ne s’arrange pas, même si nous ne sommes plus en forêt, c’est toujours aussi boueux. La vue dégagée est une bonne consolation. Nous apercevons la végétation des Nevados, c’est atypique et beau. On se croirait par moment sur une autre planète. Le brouillard poussé par le vent vient couvrir puis découvrir le paysage. Des percées de soleil viennent éclairer et colorer certaines parties de la vallée. Au loin derrière nous, un guide nous fait signe et nous indique un endroit. Nous comprenons que nous devons changer de chemin et monter la vallée. C’est ce que nous faisons non sans difficulté. L’altitude rend notre ascension plus difficile. On a plus de mal à respirer et un léger mal de tête se fait sentir pour tous les deux. Nous atteignons la crête où se dessine un chemin moins emprunté. A gauche comme à droite s’offre une superbe vue. En passant par là, il semblerait que nous gagnons une heure de marche, pas négligeable ! Il fait froid mais sommes ravis de voir cet écosystème à perte de vue. Nous nous rendons compte qu’il est difficile de se repérer sans guide. Nous traversons la plaine avec quelques difficultés pour trouver la bonne direction. La brume n’aide en rien, nos pieds s’enfoncent tellement que Géo récupère de justesse sa chaussure embourbée. Nous mettons 4 heures pour arriver à la ferme tant convoitée. Nous sommes pressés de nous restaurer et boire une tasse chaude.
Par manque de chance, il n’y a plus de place dans la ferme et plus rien à manger. Il faut apparemment reprendre le sac et remarcher une heure pour en trouver une autre. Et encore, rien n’est gagné, il faut qu’il y ait des places disponibles. Nous avons encore l’option tente mais les températures nous en dissuadent. Nous repartons tout de même avec une tasse d’eau sucrée (agua de panela) dans le ventre !
Nous arrivons finalement à 14 h 45 à l’autre ferme, appelée « la Playa ». Elle se situe au milieu d’un grand espace, entouré de montagnes et peuplé de chevaux et vaches. Même si nous n’y sommes jamais allés, on se croirait tous les deux en Mongolie, on trouve l’endroit magnifique !
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L’intérieur de la ferme est rudimentaire, les habitants entourent le feu de bois qui se trouve dans la pièce principale de l’habitation. On prend un bout de fromage et un thé chacun en attendant impatiemment l’heure du repas du soir, à 18 h. On remarque que la maîtresse de maison s’attaque à la vaisselle en armant ses mains d’abord d’une paire de gants en laine puis d’une autre en caoutchouc.
Nous enlevons difficilement tout notre attirail qui nous garde au chaud. Vient l’heure du repas, d’autres randonneurs allemands sont aussi à la ferme. Sauf qu’eux, ils ne vont pas dormir dans la ferme. Motivés comme ils sont, ils partent faire l’ascension du volcan Tolima (5215m d’altitude) de nuit, à 23h30. 12 heures de marche aller-retour. Sinon, nous rencontrons un guide qui nous conseille un meilleur chemin pour le retour. Ce n’est pas de refus !
Malgré que la ferme soit si éloignée de la ville, nous mangeons un vrai repas et regardons la télévision avec tout le monde dans cette petite cuisine. Cette dernière est d’ailleurs agencée de manière à ce que les invités, confortablement installés sur des bancs recouverts peaux de mouton, se trouvent sur une sorte d’estrade et hument les bonnes odeurs qui émanent des casseroles un peu plus bas. On ne manque de rien et rejoignons notre dortoir. Même si nous avons le droit à un lit chacun, nous finirons vite à deux dans le même pour mieux affronter le froid. Au total, 5 couvertures plus un duvet sont entassés sur nous.
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Jour 3 – environ 16 km
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Cette fois-ci, on est peu plus en forme pour affronter cette nouvelle et dernière journée de marche. On se réveille vers 6h30 par le meuglement des vaches. On se dirige dehors avec l’espoir d’apercevoir le sommet du Tolima ! Par chance, il fait beau et les nuages laissent entrevoir les neiges éternelles du volcan. On file prendre notre petit déjeuner. La douche sera pour plus tard ! On dit aurevoir à la famille de la finca et surtout à la jeune fille de 7 ans avec qui on a passé un moment la veille. On revoit le guide et ses clients qui sont eux aussi sur le départ. Il nous donne quelques explications sur l’itinéraire à suivre. Mais c’est surtout lui qu’on va suivre ! Du moins pour le début car le brouillard prend place et on ne voit plus à 10 mètres. Cette fois-ci on ne va pas vous parler de boue car il n’y en a pas eu. Vous vous imaginez notre bonheur ! Après une montée à travers le paramo, on redescend de l’autre côté de la vallée. Nouveau paysage : le Nevado del Quindio. On en prend plein les yeux ! La vue est dégagée, on avance tranquillement en faisant de nombreuses pauses photos.
On traverse la rivière pour se retrouver en face de la forêt que l’on a traversée à l’aller. On croise des chevaux qui paissent tranquillement ou encore un cavalier à qui on libère le chemin. Au bout de 4h de marche, on atteint la finca « Argentina » où on s’arrête prendre un café… finalement on craque pour une bonne soupe et une assiette bien copieuse. On retrouve le guide avec qui on sympathise de plus en plus. On reprend la route en même temps. On a qu’une hâte c’est de se retrouver à nouveau au milieu des palmiers à cire de la Vallée de Cocora. Il nous faudra encore 4h avant d’y arriver. On termine par une partie dans la jungle, on a enlevé toutes nos épaisseurs et apprécions maintenant d’être à l’ombre. Une lumière incroyable inonde les palmiers, Géo court dans tous les sens pour photographier ce moment pendant que Maou sirote tranquillement sa Club Colombia au snack. On l’a fait !
On est très heureux de notre parcours. La beauté du paysage fait oublier la dureté de l’ascension et au retour le poids du sac n’a en rien gâché la journée de Géo. On a eu quelques frayeurs à cause de l’altitude, du vent fort et d’un chemin incertain. Un petit regret, celui de ne pas avoir pu atteindre la laguna del Encanto.
Avantages avec guide
– Connaît les raccourcis et les itinéraires bis
– Informations sur la faune et la flore
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Avantages sans guide et avec son propre matériel
– Liberté de dormir plus ou moins où l’on veut
– Liberté de rester le temps que l’on souhaite
– Économie importante
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Pour aller plus loin
Plantes typiques du paramo : Espeletia ou frailejones. La famille des Espeletia regroupe une centaine d’espèces, de la famille des tournesols. Ces plantes totalement adaptées au biotope néotropical d’altitude. Les plus grands spécimen peuvent mesurer 5m et vivre une centaine d’années. Leur feuilles épaisses et poilues sont adaptés aux UV agressifs et au froid extrême.
Notre parcours final, une belle boucle de 30 km