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Ramchandra, l'homme qui avait 1000 enfants

Ramchandra

L’histoire de Ramchandra Das Bhusal

Ramchandra naît le 3 Janvier 1963 dans une étable dans les montagnes de Purkot, district de Gulmi, à l’ouest du Népal. Aîné d’une fratrie de 7 frères et sœurs, il est issu d’une famille paysanne très pauvre. C’est à la naissance de son dernier frère, à seulement 12 ans, qu’il décide secrètement de quitter sa famille. Ses parents ne sont pas au courant, ils reverront leur enfant seulement des années plus tard.

Accompagné d’un ami, il quitte son petit village du Népal en quête d’un avenir meilleur. Pendant plusieurs jours, il marche pendant des heures et des heures et commence à découvrir la vie loin de sa campagne natale. Sans un sou en poche, il parvient tout de même à atteindre Butwal. C’est à cet endroit qu’il prendra le premier train de sa vie pour rejoindre l’Inde. Grande découverte pour lui, l’électricité existe !

Il s’engage dans l’armée indienne qu’il quittera finalement pour adopter une vie diamétralement opposée, celle d’un sadhu (ascète). En quête de spiritualité, il erre dans le nord de l’Inde.

A 20 ans, Il tombe sur un livre de Sri Aurobindo et part rejoindre son ashram à Auroville dans le sud de l’Inde. Il y restera 12 ans. Ensuite, il décide de retourner chez lui à pieds. Touché par la pauvreté de son village d’origine, il décide de repartir travailler à l’ashram de Pondichéry. C’est par la suite qu’il investira dans des terres au Népal et aura pour seule idée de faire son propre ashram pour aider des familles dans le besoin.

Sri Aurobindo et la Mère, qui sont-ils ?

Sri Aurobindo est l’un des leaders du mouvement pour l’indépendance de l’Inde, un philosophe poète et écrivain spiritualiste. Mira Alfassa, « La Mère », est connue pour son parcours spirituel, ses écrits et pour être à l’origine de la cité d’Auroville en Inde.

Suite à leur rencontre, Sri Aurobindo et la Mère s’associent. Ils donneront naissance à un travail de recherche vers une nouvelle humanité. Sri Aurobindo développe une philosophie axée sur l’avenir de l’Homme par l’apparition d’une espèce nouvelle. Quant à la Mère, en créant Auroville, elle réalise ainsi son rêve de voir un endroit dans le monde où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations pourraient vivre librement en citoyens du monde. Les mots d’ordre sont : vérité suprême, lieu de paix, harmonie. Puisque nous visiterons prochainement Auroville, nous reviendrons dans un prochain article sur cette ville dite « utopique » . 

Rencontre avec Ramchandra

C’est dans son bureau à l’ashram de Katmandou que nous rencontrons Ramchandra alias « Guruji » ou encore « Mama », le directeur et fondateur de trois ashrams au Népal. Âgé désormais de 56 ans, l’enfant de la campagne de Gulmi a depuis tracé une admirable route. Depuis 25 ans, il a accueilli et apporté son aide à 1000 enfants. Ici, ils y reçoivent gratuitement une éducation, sont logés, nourris et vêtus et pratiquent différentes activités comme la danse, le yoga et l’artisanat. Depuis quasiment un mois, nous séjournons dans ses différents ashrams.

Nous lui avons posé plusieurs questions pour mieux comprendre le fonctionnement de ses ashrams. Nous avons aussi évoqué ses attentes, ses rêves.

Comment sélectionnes-tu les enfants ?

Auparavant, je me déplaçais dans la rue et allais à la rencontre des plus démunis pour leur proposer une place dans mon établissement. Depuis, ça a évolué, je fonctionne désormais par le bouche-à-oreille. Des gens ont connaissance de mes ashrams, ils me contactent en m’expliquant que leurs/des enfants sont dans le besoin (pauvreté, alcoolisme, orphelins). Je préfère accueillir ceux qui viennent de loin. Contrairement à ceux qui viennent de Katmandou, ils ont moins l’envie de fuguer dans la capitale. De plus, les enfants recueillis dans les rues de la capitale ont pris de mauvaises habitudes, comme sniffer de la colle, et ont tendance à entraîner ceux de l’ashram dans cette voie.

Ici il y a des règles à respecter pour vivre en communauté. La discipline est de vigueur et la vie y est plus stricte que dans leurs foyers ce qui explique les fugues.

Rencontres-tu des problèmes de comportement lié à l’adolescence ? Quelles mesures appliques-tu ?

Certains gardent leur mauvaises habitudes de leurs vies d’avant. Certains consommaient de la drogue ou sniffaient de la colle. Ces moyens d’évasion sont parfois difficiles à éradiquer, ça demande du temps. Heureusement, nous avons des moyens pour leur permettre de construire une nouvelle vie. La méditation est un bon moyen pour les faire avancer. Nous évitons tant que possible l’exclusion.

Es-tu à ta capacité maximale d’accueil ? Comptes-tu faire un nouvel ashram ? Agrandir ?

Je peux encore accueillir des enfants. Chaque année, certains enfants quittent l’ashram, j’en accueille environ 10 nouveaux par an. Jusqu’à ce jour, environ 1000 enfants ont été accueillis dans mes établissements. Le plus ancien et le plus grand des ashrams se trouve à Katmandou, suivi de celui du Terai et le troisième en travaux à Gulmi, dédié à la méditation et au yoga.

Je ne compte pas faire d’ashram supplémentaire. Je préfère agrandir ceux qui existent déjà et améliorer les conditions de vie dans chacun d’entre eux.

 

Quelle est ta plus grande fierté dans ta vie ? Échec ?

Ma plus grande fierté est de voir les enfants accueillis et réussir leurs études. C’est pour moi très important. C’est avec joie que je les observe se créer un bel avenir. Leur vie a changé grâce à l’ashram, mon but est est d’apporter la paix et l’amour divin à tout le monde.

En parlant d'université, tout le monde peut y aller ?

Chaque année, je peux financer les études de plus en plus d’enfants. Je fais du cas par cas. Je vois avec eux leurs désirs mais je leur demande de ne pas s’éparpiller. Ils doivent faire un choix et savoir dans quoi ils s’engagent.

Quel est ton rêve ?

Mon rêve est présent, il s’agit que chacun puisse utiliser ses ressources pour le bien être de la communauté. J’espère vraiment que la philosophie de la mère et de Sri Aurobindo perdurera et que ces enfants créeront à leur tour des ashrams dans le futur.

Où vont les enfants qui décident de partir ? Quels liens gardes tu avec eux ?

A partir de moment où ils ont été accueillis ici, ils peuvent revenir quand ils le veulent. Certains sont retournés en famille mais reviennent nous voir, manger et dormir dans l’ashram. C’est leur maison.

À 18 ans, je demande aux enfants devenus étudiants de donner un an de service à l’ashram. A leur tour, ils aident les plus petits, donnent des cours, participent au bon fonctionnement de la communauté. Chacun peut rester à l’ashram autant de temps qu’il le souhaite.

Un enfant peut-il pratiquer sa religion librement ici ?

Ici, comme à l’ashram de Pondichéry, nous pouvons accepter tout le monde. On est spirituels avant tout, au-delà des religions.

A quel âge peuvent-ils avoir un téléphone portable ? L’ashram leur fournit ?

L’ashram donne un téléphone à ceux qui ont fini leurs études de bac, 18 ans. Un ashram reste cependant un endroit de spiritualité et mes valeurs sont loin de celles de la société de consommation.

Est-ce envisageable que deux enfants puissent s’unir par la suite ?

Quand ils sont jeunes, ils sont avant tout des frères et sœurs. Leur but est dans un premier temps de faire des études. Par la suite, ils sont libres de faire ce qu’ils veulent. Cette année, Ramprassad et Sushma, deux anciens enfants de l’ashram, qui vivent d’ailleurs toujours ici, se sont mariés !

Le mot de la fin ?

J’insiste sur le fait que tout le monde est bienvenue dans mes ashrams. Vous pouvez rester le temps que vous voulez. En ce qui concerne le volontariat, je préfère des volontaires qui restent pour une longue période. Plus vous restez, plus vous vous inscrivez dans notre communauté et plus vous nous aidez concrètement. N’hésitez pas à prendre un visa et de le prolonger pour 5 mois, venir ici est une expérience !

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