Un week-end alléchant à Sumatra
Le Couchsurfing
Envie de partager du temps avec les locaux, nous avons décidé d’essayer le « Couchsurfing » durant notre voyage. Le principe est simple, en envoyant une demande d’hébergement à un hôte sur le site, on peut par la suite le rencontrer et dormir sur son canapé/lit gratuitement. Dans l’esprit « Couchsurfing », que nous pouvons traduire par « squatter le canapé », il n’y a pas de notion d’argent. Le but est de rencontrer, échanger et de partager du temps avec celui qui nous invite. Parfois, des couchsurfers proposent des sorties à leurs invités.
Cette fois-ci, nous avions rendez-vous avec Lee, un Indonésien habitant à Medan. Il avait contacté Marianne depuis un moment en nous disant que nous étions les bienvenus, qu’il nous emmènerait découvrir son île, que nous pourrons dormir chez lui. Ensuite, il nous promet tout ce qu’on a envie d’entendre : aller à la rencontre des orangs-outans, éléphants et découvrir les meilleurs coins de l’île. Il précise qu’il a l’habitude d’accueillir des voyageurs et que c’est à chaque fois un plaisir pour lui.
La proposition étant alléchante, nous avons donc finalement décidé de rajouter une étape et de nous rendre en Indonésie une semaine.
La rencontre avec Lee, notre couchsurfer
La veille de notre arrivée, Lee nous dit finalement qu’il n’a pas assez de place pour nous accueillir tous les deux car il héberge déjà un couple d’Anglais. Première déconvenue sachant que depuis le début, nous étions tous les deux invités chez lui. Cependant, il nous dit que sa cousine peut nous accueillir si besoin. On a préféré se réserver une chambre dans une auberge proche de l’aéroport.
Nous décidons d’aller dans un premier temps à Bukit Lawang, nous passerons du temps avec lui à notre retour. Il nous écrit beaucoup en nous disant que nous allons partager une voiture avec deux autres voyageurs et que nous partirons 4 jours et trois nuits camper. Nous assisterons au lever du soleil sur le volcan, irons à la cascade et au Lac Toba . Nous avons hâte.
La rencontre
Nous rencontrons Lee dans un restaurant, il nous explique le programme, nous montre des photos et nous dit que tout sera super. Avec sa grosse voix et son anglais parfait, il paraît sûr de lui et plutôt directif. Il sait ce qu’il fait, il sait ce qu’il nous propose, nous avons juste à profiter de ce « road trip ».
Il nous précise que malgré son emploi du temps chargé, il a pu se dégager pour partir quelques jours. Il nous dit qu’il travaille dans une agence de tourisme.
Il est 15 heures et nous apprenons que nous devons attendre deux Américaines avec qui nous partirons. Quand elles arrivent, nous commençons à planifier notre virée. Il s’occupe de chercher une voiture que nous pourrons louer. Il nous promet le meilleur prix sur le marché, il semble maîtriser la situation et connaître les meilleurs plans. Nous n’apprécions pas forcément les gens si sûrs d’eux mais on décide d’en rire. On sent bien qu’il n’y aura pas d’atomes crochus entre nous.
Finalement, il nous dit qu'on aura une voiture avec chauffeur pendant trois jours. Il paraît que c’est comme ça que cela fonctionne en Indonésie. Nous ne cherchons pas plus loin. Parfois, on a envie de se laisser porter et ne pas réfléchir. Il nous dit que le chauffeur sera prêt dans trois heures, et que nous partirons sur les coups de 20 heures.
Nous apprenons que nous devons aussi payer la voiture, l’essence et les frais de repas du chauffeur pendant notre séjour. Cela fait partie de la formule. Il nous dit que nous diviserons les frais avec les Américaines mais lui, ne s’inclue pas. Nous trouvons cela déplacé de nous le dire seulement maintenant, sur le point de partir.
Nous demandons si nous pouvons nous poser chez lui en attendant. Il accepte. Une fois arrivés devant un boui-boui, nous attendons. C’est finalement ici qu’il habite. Nous finissons par aller dans une tout petite pièce avec un lit par terre. Il dit qu’on peut se poser ici mais que ce n’est pas pas sa chambre.
Nous finissons par entrevoir sa chambre au détour d’un passage aux toilettes. Lee ne pouvait pas inviter de voyageurs puisque sa chambre est encore plus petite que celle où nous sommes. Le lit touche quasiment les deux cloisons. Pourquoi avoir proposé de nous héberger ? Nous restons dubitatifs, nous avons l’impression qu’il nous ment. Nous préférons une fois de plus ne pas trop réfléchir. Puis, quand on est engagé dans quelque chose, on a parfois des difficultés à revenir en arrière et stopper le processus.
Le départ
Nous mettons 3 heures à aller jusqu’à la ville qui est au pied du volcan. Entre temps, nous devons finalement louer le matériel de camping. Puis, ajouter un guide et une entrée sur le site pour pouvoir accéder au sommet. Les frais s’ajoutent au fil du temps, Lee a du bagout et sait nous rassurer en disant qu’il trouve les meilleurs prix à chaque fois, qu’on fait une bonne affaire. Marianne avait déjà entendu qu’il fallait bien un guide pour monter au volcan, et le prix négocié indiqué par Lee était cohérent.
Arrêtés à la station essence, il nous demande une petite somme après avoir regonflé les pneus de sa voiture.
Je mets les points sur les i en lui disant que c’est trop, qu’il ne nous avait pas prévenus par rapport à ces frais et qu’il ne participe pas du tout. Je lui explique que ce n’est pas l’esprit Couchsurfing, que c’est avant tout un partage, que nous ne faisons pas un tour avec un guide professionnel. Cela jette un froid dans la voiture mais je n’ai pas pu m’empêcher de mettre les choses au clair.
Il me dit que c’est un malentendu, qu’il nous rendra cette somme.
Sur la route, on discute avec les Américaines qui voyagent également depuis 4 mois. On rigole bien en racontant nos anecdotes et notamment de Couchsurfing. C’est d’ailleurs à ce moment là qu’on se rend compte que Lee nous a abordés de la même manière, avec son descriptif de séjour à Sumatra bien alléchant !
Nous finissons par planter nos tentes et nous endormons à 2 heures. 170 minutes plus tard, le réveil sonne. Tôt. Très tôt. Réveillés au fur et à mesure de la randonnée par les fortes odeurs de souffre, nous devons monter en haut du volcan pour assister au lever du soleil.
Nous marchons 40 minutes pour atteindre le point de vue. Le guide ne sert pas à grand-chose puisque le chemin est tout tracé. Nous ne sommes pas les seuls, il suffit seulement de suivre les autres. De plus, il nous apporte que très peu de connaissances sur le site. Nous n’étions pas d’accord pour avoir un guide mais encore une fois, Lee nous l’a adroitement imposé, tard le soir. Puisque nous ne connaissons pas la réglementation du pays et de ses sites, nous pouvions difficilement refuser.
Lors de la descente, nous avouons au guide que nous trouvons son prix cher pour ce que c’est…
Honnêtement mais maladroitement, il nous confie : « je dois reverser la moitié à Lee ».
Quoi ?! En plus de ne rien payer, il se fait de l’argent sur notre dos. Une révolte monte en nous : lui qui ne se considère pas comme guide ?! Lui qui met en avant les valeurs du couchsurfing ?! C’est trop ! Les Américaines sont également surprises d’apprendre cela mais ont déjà donné l’argent au guide.
Nous le retrouvons dix minutes plus tard. Il n’est même pas monté avec nous au sommet du volcan et ne nous demande même pas comment s’est passée notre excursion. Il est juste l’heure de payer. Nous lui disons que nous n’avons pas à payer autant et lui dévoilons la vérité concernant la moitié qu’il reçoit du guide. Il monte sur ses grands chevaux et nous fait une scène de théâtre. Il n’est absolument pas fautif, le guide a raconté n’importe quoi et prétend ne pas le connaître. Nous insistons car nous trouvons son comportement inadmissible.
Quant au guide qui assistait à la scène, il s’est senti gêné et a fini par démentir en disant « c’était une erreur ».
Nous l’informons que nous n’acceptons pas de payer autant et que nous nous posons des questions quant à la suite du trip. Il s’énerve. Nous lui disons que nous ne sommes pas stupides, qu’il n’est pas stupide et que nous avons compris son petit manège. « Qu’aurais-tu fait à notre place ? » nous lui demandons-t-il. Tout le monde est silencieux dans la voiture. Quant à nous, nous savons que nous ne pourrons plus profiter de la même façon de ces 4 jours à ses côtés.
Les Américaines ne savent pas trop quoi faire. Nous nous rendons compte qu’il a menti concernant le guide qu’il prétendait ne pas connaître. Il a dit aux Américaines qu’il le connaissait depuis 6 mois.
A force de nous embobiner, il se perd et la situation devient grotesque. Même acculé, il ne dément pas et s’enfonce de plus en plus.
Elles qui voulaient aller voir les orangs-outans, Lee avait réussi à les dissuader en leur donnant un faux prix, « c’est 100 dollars par jour et par personne » leur a t-il dit. Une technique pour qu’elles abandonnent cette option et fassent son tour.
Nous nous sommes rendus compte que Lee n’avait rien de l’esprit « Couchsurfing ». Beau parleur, son but est d’appâter le touriste en quête d’exotisme. Son but est clairement de se faire de l’argent sur les couchsurfers. Il se prétend être le mec cool qui connaît les bons plans et veut partager un moment avec des voyageurs. Nous supposons que c’est finalement « Couchsurfing » son travail et qu’il n’est pas employé dans une vraie agence de voyage.
Nous étions à plus de deux heures de route du lac et autant de Medan. Nous ne pouvions pas rester trois jours supplémentaires aux côtés d’un menteur. Même s’il ne sera pas évident de finir le tour prévu sans voiture, nous lui avons demandé de nous laisser sur le bord de la route. Puisque nous avions payé la location de tente pour 3 nuits, nous l’avons prise avec nous. Nous savons également qu’il récupère la moitié du prix payé de la location de voiture.
Nous sommes contents de retrouver notre liberté. Retour aux vraies choses, on a repris le stop. Pris assez rapidement par deux couples d’Indonésiens très gentils. Ils n’avaient d’autres intérêts que de nous rencontrer réellement.