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2300 kilomètres en stop

Le projet

 

Au Laos, nous avions essayé de faire du stop de Vang Vieng jusqu’à Vientiane, soit 155 km. Cette première expérience fût concluante puisqu’il nous aura fallu maintenir le pouce en l’air pendant 20 minutes pour être pris.

Nous avions renouvelé l’expérience sur une courte distance au Vietnam. Depuis le début de notre voyage, nous prenions souvent le bus pour nous déplacer d’une ville à une autre. Certes, on arrive toujours à destination, avec plus ou moins de retard, mais rien d’excitant là-dedans. Nous remarquons que plus nous avançons dans notre voyage et plus certaines envies apparaissent et se dessinent. On veut davantage goûter à l’aventure, aux expériences qui deviendront souvenirs.

Nous est alors venu une idée qui s’est transformée en défi. Et si nous faisions du stop sur un long trajet ?

 

Après voir étudié la carte, nous nous sommes mis d’accord. Nous partirons de Hpa-An en Birmanie, traverserons la Thaïlande pour rejoindre Kuala Lumpur en Malaisie. Trois pays, plus de 2000 km à parcourir grâce au bon vouloir et la bonté des locaux. Nous avions aucune idée du temps que ça nous prendrait, ni même si ce projet, un tantinet farfelu, serait une réussite ou un échec. Dans tous les cas, il fallait tenter. Notre seule contrainte était ce temps imparti puisque nous avions un vol le 16 mai en départ de Kuala Lumpur.

 

Nous commençons cette escapade en plein festival de l’eau, en partant de Hpan-An en Birmanie. Bien entendu, ce n’est pas le meilleur moment pour être efficace. Les routes sont bondées de monde, les chars bloquent le trafic. Nous avançons peu, faisons beaucoup de détours mais c’est drôle d’être à l’arrière d’un pick-up et participer à la fête avec les locaux. Faire du stop, en jetant et recevant des seaux d’eau pendant toute la journée, on s’en souviendra.

 

C’est seulement à partir du deuxième jour que nous avançons réellement. Plus le temps passe et plus on apprend à faire du stop. Des techniques s’offrent à nous et nous devenons plus efficients.

Nous commençons par écrire sur des cartons les villes espérées. Pour se faire, nous demandons à des locaux d’écrire dans la langue du pays. Nous écrivons sur des cartons de plus en plus gros.

Puis, nous réduisons les distances, nous projetons de faire beaucoup d’étapes pour être pris plus facilement.

Le stop devient une routine de voyage. On se lève, on prépare nos pancartes et on se met sur le bord de la route, carte en mains. Nous ne savons pas à quel rythme nous avancerons, où nous passerons la prochaine nuit, et ça c’est excitant ! C’est assez étrange de ne plus vraiment visiter les villes que l’on traverse. On ne se sent plus vraiment comme des touristes. A chaque fois c’est pareil, on arrive en fin de journée dans une ville inconnue, devons chercher un hôtel pas trop cher, poser nos sacs et aller dîner. On ne s’en rendait pas compte, mais le stop c’est physique : on marche beaucoup plus avec nos gros sacs à dos pour rejoindre l’axe principal, chercher un hôtel etc. A la fin de la journée, on est bien fatigués !

 

C’est pourquoi, nous décidons finalement de ne pas faire du stop tous les jours afin de profiter de certaines belles régions que nous parcourons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les difficultés rencontrées

 

Tout d’abord, se faire comprendre. Alors que la pratique du stop est très populaire sur notre continent, il est quasiment inexistant dans certains pays d’Asie. Partout où nous avons essayé, les locaux ont voulu nous aider à leur manière. La plupart du temps, ils s’arrêtaient et nous proposaient de nous déposer à la station de bus… ou même d’appeler un taxi.

Nous avons essayé de leur expliquer notre démarche, mais pour certains, celle -ci était encore difficile à comprendre. A deux reprises, on nous a proposé de l’argent pour prendre ce foutu bus que nous ne voulons pas. En tout cas, nous ne sommes pas des fantômes au bord de la route, il y a beaucoup d’interactions avec ceux qui nous croisent.

 

Ensuite, il se peut que le stop soit plus difficile pour passer les frontières terrestres. Dans notre cas, nous avons mis plus de temps que prévu pour trouver un quatre roues qui veuille bien nous emmener gratuitement de Tavoy en Birmanie jusqu’à la frontière thaïlandaise. On y est tout de même parvenu, entassés à l’arrière d’un pick-up avec d’autres Birmans.

 

Nous avons parfois éprouvé quelques difficultés à trouver le bon endroit pour faire du stop, notamment lorsque nous sommes éloignés de l’axe principal. Il est donc peu probable qu’une voiture s’arrête. Il faut donc interpeller les automobilistes et avancer petit à petit jusqu’à l’endroit propice. Certains points, sont stratégiques ce qui nous permet d’accroître nos chances. On ne l’apprend sûrement à personne mais il faut trouver un endroit où les voitures peuvent s’arrêter facilement et sans danger. Par exemple sur l’autoroute, à une station d’essence, c’est souvent….BINGO !

 

Enfin, la CHALEUR. Il faut dire qu’avec les températures suffocantes d’Asie du sud-est, la satisfaction est double quand une voiture met son clignotant, ralentit et se gare sur le bas-côté. Remarquez, un de nos auto-preneurs nous a dit qu’on avait l’air d’avoir très chaud et a décidé de s’arrêter.

 

Des rencontres et des moyens de transports inattendus

 

C’est sûrement LA raison qui nous donne envie de continuer le stop, les rencontres et les imprévus.

Nous avons été pris en stop par tous types de personnes, même si ce fût principalement des hommes. Nous sommes montés dans des voitures, à l’arrière de pick-up, dans un poids lourd, sur une remorque, des scooters. A vrai dire, on ne refusait rien. Tout est bon pour avaler quelques kilomètres. On a aussi eu de la chance avec le temps. Dans le sud de la Thaïlande et en Malaisie, il pleut régulièrement l’après-midi et se retrouver à l’arrière d’un pick-up nous aurait permis certes d’avancer mais d’arriver bien trempés. Ce qui n’a jamais été le cas, on était toujours au sec et au frais !

 

Concernant les rencontres, nous nous souviendrons de Trachoo, ce Thaïlandais d’une cinquantaine d’année avec qui nous avons sympathisé. Nous avons prolongé l’expérience à ses côtés en passant une soirée avec lui. Il nous a emmené sur la plage de son enfance. Bon repas, rires et discussions intéressantes, nous n’oublierons pas de si tôt.

 

Ou encore cette Thaïlandaise, qui, du haut de son jeune âge nous propose de nous emmener jusqu’à la frontière avec la Malaise… en scooter. A trois avec nos gros sacs à dos sur un deux roues, nous hésitions. Puis elle nous a convaincu en nous disant qu’on n’avait qu’à essayer. Elle avait raison.

 

Et puis ce couple thaïlandais qui nous a bien aidés. Puisque mon appareil photo ne marchait plus, ils ont naturellement et gentiment cherché un réparateur puis nous ont accompagné jusqu’à la boutique pendant 45 minutes. Nous avons fini par être invité à manger avec eux, au bord de la rivière. Nous avons goûté ensemble aux plats typiques concoctés par un monsieur qui cuisinait sur sa barque.

 

Mais encore ces trois vétérinaires qui partaient pour une réunion pendant leur temps de travail, ce malais d’origine chinoise, ces deux Thaïlandais qui nous proposent de monter sur leur remorque accrochée à leur scooter. Nous apprenons qu’ils sont livreurs de glaçons, nous bénéficions chacun d’un siège climatisé !

 

Et notre chauffeur de poids lourd qui appelait une amie à lui qui parlait anglais afin que l’on puisse échanger. C’était assez drôle !

 

On a également eu un père avec sa fille qui a été démarché un hôtel pour nous afin que l’on bénéficie du prix local.

 

Enfin, tous ceux qui nous ont pris alors qu’ils ne parlaient pas anglais, le sourire comme seul moyen de communication. On comprend alors que ce n’est même pas par curiosité qu’ils s’arrêtent, ni même l’envie d’échanger, mais simplement pour aider. Il nous est arrivé à de nombreuses reprises que nos auto-preneurs nous offrent des boissons fraîches. Forcément, on se sent redevables.

 

Le stop nous a permis de voyager différemment, d’apprendre sur la culture et la vie des locaux. Cela nous a aussi permis de goûter à des joies simples. Quand on attend depuis un certain temps sous 40 degrés, c’est le sourire aux lèvres que nous rejoignons la voiture qui s’est arrêtée. J’ai souvent comparé le stop à la pêche. On attend jusqu’à ce que ça morde. Et même quand ça mord, on ne sait toujours pas ce qui nous attend !

 

Faire du stop, c’est aussi le plaisir d’avancer et d’accomplir un nouveau projet. Nous avions rarement ce sentiment quand nous prenions place dans le bus, au milieu des autres touristes, prêts pour subir 20 heures de route. Avec le recul, nous nous rendons compte que toutes ces rencontres n’auraient pas vu le jour si nous avions continué à prendre les transports. Et surtout, nous nous sommes retrouvés dans des endroits dénués de touristes où nous avons pu savourer la gentillesse des locaux.

 

Au final, nous avons fait 10 jours de stop et vu défiler 2300 km grâce à la gentillesse de 40 différents chauffeurs qui nous ont permis d’avancer toujours un peu plus. A aucun moment nous avons ressenti une once d’insécurité en s’adonnant à cette pratique, ce n’était que du positif. Pour Marianne, seule, elle aurait privilégié des femmes voire pas du tout de stop.

 

Pour l’instant, on ne sait pas encore quand on reprendra le stop mais une seule question nous vient à l’esprit… comment reprendre le bus ?

Stop
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