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Sur les traces de Pablo Escobar…

Pablo Escobar

Quand on parle de la Colombie, on pense malheureusement à deux choses. Cocaïne et Pablo Escobar. Allez trois, si on pense à Shakira… Alors que nous sommes en train de regarder « Narcos », la série fascinante retraçant l’histoire de Pablo Escobar et des autres narcotrafiquants, nous arrivons en Colombie. Quel timing !

Depuis notre arrivée, nous nous rendons compte que tous les Colombiens que nous rencontrons ne partagent pas notre engouement pour la série. Ils détestent « Narcos » et Pablo Escobar, bien entendu. En effet, dans la série, quelque peu romancée, nous pouvons par moment nous laisser charmer par Pablo Escobar. Hors, Pablo Escobar est l’un des plus grands criminels du siècle dernier. Il était avant tout CRUEL et a terrorisé la Colombie pendant de nombreuses années. Beaucoup sont les Colombiens qui ont perdu un proche ou une connaissance durant cette période sanglante et irréaliste.

Après quelques jours passés à Bogotá, nous posons enfin les pieds à Medellín, LA ville de Don Pablo. Il était donc pour nous obligatoire d’en savoir plus sur le plus grand et le plus riche narcotrafiquant de tous les temps. Nous avons donc décidé de faire le « Pablo Escobar Tour » de Medellín (voir contacts à la fin de l’article).

Pablo Escobar, grand sourire, lors de sa première arrestation.

Jeunesse

Manuela, notre guide, commence par nous raconter les débuts du roi de la cocaïne surnommé « Le Patron ».

Né le 1er décembre 1949, Pablo grandit dans le quartier d’Envigado à Medellín. Sa mère est institutrice et son père paysan. Il est issu de la classe moyenne. Deuxième d’une famille de sept enfants, il tombe progressivement dans la délinquance. Il commencera par voler les pierres tombales dans les cimetières. Il efface les noms des défunts puis les revend à des marbriers. Puis, il passe un échelon en volant des voitures en compagnie de son cher cousin Gustavo Gaviria.

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Montée de la cocaïne aux États-Unis

Pendant ce temps aux États-Unis, la cocaïne devient la drogue phare et remplace petit à petit le succès du cannabis. Nous sommes en 1970, le marché de la poudre blanche se développe. Escobar, qui trafiquait plus jeune de la marijuana, a suscité l’intérêt de Griselda Blanco (surnommée la Veuve noire, la Marraine, la mère sanglante colombienne), pionnière dans le trafic de la cocaïne, ce business juteux. Violent, irascible et sans pitié, il va petit à petit monter en puissance dans le milieu.

Montée en puissance – Le Patron

Après s’être débarrassé du baron de la drogue de Medellín, Pablo Escobar devient « Le Patron ». Plus l’argent s’accumule dans ses poches et plus la puissance d’Escobar augmente et devient incontrôlable. En 1978, il se fait un bénéfice de 20 000 $ par kilo de cocaïne écoulé et contrôle 80 % du flux mondial de cocaïne.

Il prospère sur la ville en achetant des policiers, juges et autres fonctionnaires afin d’être inarrêtable et tranquille dans son business. Si une personne ose refuser son offre, elle est rapidement tuée. Son slogan est éloquent, « l’argent ou le plomb». En clair, sois tu acceptes la corruption, sois tu es mort. Le cartel emploiera directement ou indirectement jusqu’à 750 000 personnes.

C’est devant Edificio Monaco que l’on commence la visite. Construite en 1986, c’était l’immense résidence de huit étages qui abritait la femme, les enfants et la mère de Pablo Escobar ainsi que tous ses « sicarios » (ses hommes de main) et domestiques.

La bâtisse est gigantesque et nous fait penser à un ancien hôtel. Elle sera abandonnée suite à l’explosion d’une voiture piégée orchestrée par le cartel de Cali en 1988. Le gouvernement a d’ailleurs décidé de la détruire prochainement, en décembre 2018. La guide explique la vie démesurée qu’entretenait le chef de Medellín.

Devenu invincible, Il ne sait plus quoi faire de son argent, ses extravagances le montrent. Il a des centaines de propriétés, des avions, importe même des animaux de la savane pour créer un zoo. Le magasine Forbes annonce que Pablo Escobar serait le 7ème homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 30 milliards de dollars. Pour l’anecdote, il dépensait 2500 dollars par mois en élastique pour attacher ses innombrables liasses d’argent. L’argent coulait tellement à flot qu’il était plus puissant que le gouvernement.

« Edificio Monaco ». Principale maison de Pablo Escobar à Medellin. Tout l’immeuble lui appartenait.

Son désir de politique – début des années 80

Lors du tour, nous nous sommes rendus en bas du quartier Pablo Escobar où nous attendait un jeune. Il nous décrit la fresque à l’effigie du Patron et entrons dans la salle musée où l’on peut voir les photos les plus connues d’Escobar. Ici, il est toujours considéré comme un Dieu, le robin des bois colombien. Ces pensées se transmettent de génération en génération, de manière inaltérable. Début des années 80, le Patron de Medellín n’hésite pas à se faire aimer par le peuple. Il va dépenser des millions de dollars pour aider les pauvres de sa ville. Il construit un quartier à son nom et donne des maisons aux nécessiteux.

Fresque à l’entrée du quartier  » Pablo Escobar »

Était-ce vraiment par altruisme ? Pas si sûr… En effet, Pablo Escobar étant de plus en plus ambitieux, voulait devenir Président de la Colombie. N’était-ce pas une façon de se faire aimer par le peuple et d’obtenir des électeurs pendant sa campagne ?

En 1982, il arrivera tout de même à devenir député suppléant au Congrès avant d’être banni de la politique. Le ministre actuel lui fait barrage en l’accusant d’être un criminel. Son passé refait surface et anime les unes des médias. Se sentant humilié, il se dit être en guerre contre le gouvernement colombien. Quant à ce ministre, il se fait assassiner peu de temps après par un membre de son cartel. Personne ne doit se mettre sur sa route, c’est la philosophie d’Escobar.

Ayant peur d’être extradé, il a tout intérêt à modifier les lois. Ce qu’il parvient à faire de 1986 à 1989, période pendant laquelle les extraditions sont suspendues. Il dit préférer mourir plutôt que d’être envoyé aux États-Unis purger une peine.

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Sa folie – Milieu des années 80

En 1985, il décide d’attaquer le Palais de la Justice de Bogotá afin d’effacer toutes traces de son passé qui lui sont nuisibles. Pour cela il paye le M-19 (groupe de guérilleros communistes), lourdement armé. Il y parvient, beaucoup de magistrats sont tués lors de l’opposition entre ses hommes et l’armée colombienne.

Autre fait marquant, il va jusqu’à être responsable de l’attentat d’un avion qui était supposé accueillir le Président de la République. L’avion a été détruit en plein vol, aucun survivant. Le Président n’était finalement pas monté dedans.

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Escobar est un homme sans limite. Une nuit alors qu’il était en cavale avec sa famille, il n’a pas hésité à brûler l’équivalent d’un million de dollars en fumée pour maintenir ses proches au chaud.

Lors de son « règne », il arrivera à semer le trouble et la zizanie dans tous les milieux de la Colombie. Même dans la police, certains corrompus vont même jusqu’à tuer leurs collègues pour toucher l’argent promis par Escobar. On estime à 600 policiers disparus ainsi.

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Sa prison dorée de 1991 à 1992

Après 30 minutes de route en lacets dans la montagne autour de Medellín, nous voici à la Catedral, la fameuse prison construite par Pablo Escobar. Quelle vue ! L’environnement est splendide, un chemin (celui de son évasion) mène à un ruisseau et à une statue de la Vierge. Escobar s’y rendait pour méditer et prier. Pour ce qui est de la prison, il n’y avait ni barreaux ni serrures, du jamais vu ! Une véritable prison 5 étoiles. Depuis, elle a été en partie détruite par les habitants soit par haine soit par espoir d’y trouver de l’argent caché. Ce qu’il en reste a été réhabilité en maison de retraite.

Cette prison est le résultat d’un accord entre le gouvernement colombien et le Patron. Comment arrêter ses crimes de plus en plus nombreux ? Puisque le pays est à feu et à sang et que Pablo Escobar est inarrêtable, le gouvernement cède aux caprices de ce dernier. Il décide de se rendre et séjourner en prison pour mettre fin à sa cavale. Attention, pas n’importe quelle prison. Une prison qu’il se fait construire et où l’armée et la police ne devront pas s’approcher à moins de 20 km à la ronde.

Ce projet est une véritable supercherie. Pablo Escobar reprend contrôle du cartel de Medellín continue et son trafic de cocaïne s’intensifie. Tous les policiers et gardes de cette prison sont corrompus, ce qui en fait pour lui une prison plus que dorée. Il y fait des soirées extravagantes, invite de nombreuses prostituées, installe des salles de jeux. Pour l’anecdote, il fera même venir des joueurs de foot professionnels pour y disputer des matchs.

Quand le gouvernement décide finalement de le transférer dans une vraie prison, il s’est déjà évadé, prévenu par un de ses nombreux indics.

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Los Pepes – début des années 90

Alors que Pablo est en cavale, les crimes qu’il ordonne pour arriver à ses objectifs s’intensifient. C’est alors que « Los Pepes » sont créés. Ce groupe réunit des personnes qui ont été persécutées de près ou de loin par le narcotrafiquant. Sans pitié et par soif de vengeance, ce groupe s’en prend aux proches d’Escobar. En tuant plusieurs personnes chaque nuit en étant aussi cruels que lui, ils signaient « Los Pepes ». La tactique est efficace puisque le réseau d’Escobar commence à s’amenuiser.

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Sa faiblesse et sa mort

En cavale, il ne verra pas sa famille pendant un an. Sa femme et ses enfants lui manquent beaucoup. Très riche, il utilise un téléphone qui permet de les contacter. A l’époque ils étaient seulement trois à bénéficier de cette technologie. A l’occasion de son anniversaire, il appelle sa famille. Il prend des risques mais a besoin de les entendre. Puisque l’appel dure, il se fait géolocaliser. Les policiers pénètrent dans la maison, il avait un revolver dans chaque main, prêt à en découdre avec les forces de l’ordre. Le 2 décembre 1993, le criminel le plus riche du monde est enfin mort. 1O OOO personnes assistent à ses obsèques. Il y a des mouvements de foule, certains ouvrent le cercueil pour le toucher. Beaucoup pleurent, de joie ou de tristesse…

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Nous nous sommes rendus au cimetière à l’extérieur de Medellín. On marche sur de la pelouse tondue et nous découvrons des petits carrés de marbre gravés en l’honneur des défunts. Ici, pas de tombes telles que l’on peut se les imaginer en France. Manuela, nous emmène d’abord sur celle de Pablo Escobar. On peut lire 4 autres noms enterrés avec lui : sa mère et des proches. On constate qu’elle est entretenue et que des gens y déposent encore des fleurs… A quelques pas, se trouve celle de Gustavo Gaviria, son cousin. Et un peu plus loin, celles de Griselda Blanco et d’autres membres du cartel. Manuella nous explique que Pablo Escobar a été exhumé il y a quelques années. Une personne s’est proclamée fils du baron de la drogue suite à sa mort. Des analyses ADN ont dû être faites pour finalement se rendre compte qu’il n’y avait pas de lien.

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Pour terminer cet article et pour bien comprendre dans quel monde vivait Pablo Escobar, voici une sélection d’anecdotes invraisemblables parmi tant d’autres :

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Roberto Escobar, frère de Pablo et comptable en chef, écrit que chaque année 10% de l’argent liquide stocké était perdu à cause des dégâts des eaux… et des rats qui grignotaient les billets de banque – 10% représente ici tout de même plus de 2 milliards de dollars.

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– Lors des fêtes d’anniversaires de ses enfants, il n’était pas rare de voir des piñatas remplies de cash.

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– Pour assouvir le rêve de sa fille, lors de son anniversaire, il a fait venir un cheval blanc d’une valeur inestimable et lui a ajouté une corne.

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– Quand la justice a commencé à perquisitionner Napoles, 12 zèbres ont été saisis. Souhaitant les récupérer Pablo Escobar a alors acheté 12 ânes qu’il a fait peindre en noir et blanc. Il les a ensuite fait échanger contre lesdits zèbres en soudoyant les gardes de l’immeuble où ils étaient entreposés.

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– Les frontières américaines se faisant de moins en moins perméables, Escobar et ses hommes durent recourir à moult ruses pour faire rentrer leur marchandise sur le territoire (sous-marins, paquets cachés dans les pneus des avions de ligne…).

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Contacts pour le tour Pablo Escobar (Whatsapp +573014727282 – Daniel Hernandez Sanchez)

Instagram : @anotherpaisaguide / @danielhs19

tour Pablo Escobar
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