Visite du village de Kok Phung Thai
Sur le plateau des Bolovens, au Laos, nous avons rendu visite à un village animiste. L’animisme est une croyance qui attribue une âme aux objets et aux animaux. Plusieurs pratiques en découlent.
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En arrivant au village, j’ai tout d’abord pris une photo. On m’a expliqué qu’il ne fallait pas prendre les personnes âgées. Selon la croyance de ce village, en prenant une photo, on prend de la lumière aux personnes photographiées et par conséquent une partie de leur vie. (Autant ne pas prendre de photos en rafales, car on tuerait quelqu’un sur le champ)
C’est « M. Hook » qui nous fait visiter son village. L’un des seuls à être sorti de la communauté pour aller vivre quelques temps à Pakse, grande ville à 100 km. En effet, il est mal vu de quitter la communauté. Les membres de celle-ci naissent vivent et meurent au village.
Ils ne sont pas citoyens du Laos car n’ont pas de carte d’identité. Ils n’ont pas non plus de carte de retrait, permis, passeport. Le gouvernement ne leur en attribue pas. C’est donc coupés du monde qu’ils s’organisent entre eux pour vivre.
M. Hook commence par nous montrer ses connaissances des plantes (sauge, basilic). Celles-ci sont par la suite utilisées en médecine. Il cultive notamment du café et du tabac qu’il consomme et revend. Les gens ici croient à la force de l’esprit et de la nature. Tout est esprit : le feu, les pierres, la nature, le vent.
Puis, tout en continuant de marcher sur ses terres, il nous explique plus précisément les croyances inhérentes à sa tribu. Chez eux, tout est basé sur le mauvais sort. Si un serpent vert traverse devant eux par exemple, il faut absolument qu’ils rebroussent chemin par crainte de se voir attribuer un mauvais sort.
Leurs croyances nous paraissent provenir d’une autre époque. Leur tribu pense encore que la terre est plate, que les blancs sont tous américains. Quant à leurs pratiques, elles nous paraissent sorties d’un conte. Lors de l’accouchement , la future mère doit se rendre en forêt pendant deux semaines, assistée par une autre femme. Lorsqu’elle revient au village, elle doit annoncer si le bébé est « bon » ou « mauvais ». Si une femme meurt en accouchant, elle se fait enterrer dans un cimetière différent du reste des villageois. En effet, elle a attrapé le « mauvais esprit » et reste un danger.
Lors de la naissance du nouveau-né, la mère doit rencontrer un gourou. Elle doit attendre de faire un bon rêve validé par ce dernier pour que le prénom du petit soit choisi. Si les mauvais rêves sont consécutifs, le bébé peut rester 4 ans sans être nommé.
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La polygamie est acceptée dans le village. Plus un homme possède d’animaux, plus il aura de femmes. Très jeunes, certains villageois peuvent avoir déjà 4 femmes. A l’âge de 7 ans, les parents choisissent pour leur fils, sa future épouse. Les maris ne travaillent pas en général, seules les femmes le font. Par contre ils construisent les maisons pour le village.
Nous avons l’impression de faire un bond dans le passé. Des maisons en bois sur pilotis sont harmonieusement disposées dans le village. Des petits feux de camp brûlent ici et là. M. Hook nous explique que 60 villageois peuvent dormir dans une seule habitation !
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Les enfants jouent entre eux au milieu des animaux de la ferme, la vie semble paisible. Un tracteur d’une autre époque, bondé de jeunes, nous double.
Nous croisons un enfant d’environ 5 ans qui fume une énorme pipe de 50 cm. Il paraît que ça permet d’éloigner les mauvais esprits…